La pénombre progressait au même rythme lent que la lune, et malgré l’approche de la nuit, nulle étoile ne peignait le ciel ; les lumières de la ville, attirantes et aveuglantes à la fois, voilaient les subtiles étoiles. Néanmoins, sans ces éclairages omniprésents, les points lumineux demeureraient sans doute dissimulés derrière l’épaisse fumée noire provenant des innombrables voitures et industries de la métropole.

Adossée contre un mur placardé de vieilles affiches, je jetais un regard désabusé sur cette ville qui ne cessait de piétiner mes rêves et mes ambitions ; puis j’inspirais une dernière bouffée de cigarette et l’écrasais sous mon talon. Tout en exhalant, j’étudiais les environs, en quête de ma proie quotidienne.

Un homme sortit à cet instant d’un taxi, paya et remercia son conducteur – qui dû être bien surpris par ce comportement courtois – et observa les alentours, apparemment indécis. Il marcha en direction d’un bar, hésitant, sans cesser de regarder son environnement, un sourire niais sur le visage.

Un nouveau ; seul, de surcroît. En apparence innocent. Assez riche pour prendre un taxi plutôt que le transport en commun. Une cible idéale… Pas trop laid à regarder non plus, le bonhomme.

Je secouais la tête pour chasser cette idée. Ne pas s’attacher ; telle était la première règle. L’oublier, ce serait agir comme un débutant. Et je n’étais pas un amateur.